Il y a quelque chose avec les trois roues, une attirance/répulsion qui vient sans doute de l’enfance. Le tricycle est le premier véritable instrument de liberté, le véhicule fondateur de notre autonomie, et en tant que tel, nous lui en sommes reconnaissants. En même temps, on cherche à s’en émanciper le plus rapidement possible, pour ne plus être un «bébé», surtout s’il y a des pressions d’un entourage déjà passé aux deux roues.
C’est sans doute pourquoi nous retrouvons aujourd’hui sur le marché deux catégories bien distinctes de motos à trois roues, dictées soit par une contrainte, comme un handicap, ou par le pur plaisir des possibles.
Permettez-moi un aparté sur le side-car qui, de par la notion d’adition à partir de considération utilitaire, transforme la moto comme l’ajout d’une remorque transforme une voiture. Le changement n’est pas fondamental.
Ainsi, le jour est peut-être venu de revoir la nature de son moyen de transport lorsqu’au guidon de son Electra Glide, on laisse traîner les pieds au sol plus de 100 mètres avant un arrêt et autant après, juste pour être certains de ne pas l’échapper.
Ce marché du trois roues, avec le vieillissement de la population dans nos sociétés occidentales, ne devrait pas connaître trop de difficultés.
Une moto conventionnelle se voit donc amputer de son train arrière, et se fait greffer un essieu avec deux énormes pneus. L’allure de ce type de véhicules donne dans l’opulence, pour compenser peut-être la perte d’une certaine autonomie.
Je trouve intéressant un engin comme le Spyder de Can-Am qui se positionne comme un outil intermédiaire, moins débilitant d’allure, et rassurant pour l’ego. Une sorte de préparation psychologique avant l’inévitable.
Et puis, à l’opposé, des machines privilégiant le plaisir de rouler, généralement vite, poussant l’enveloppe technologique dans ses retranchements, s’essayant à droite comme à gauche, donnant un surplus de style à défaut, parfois, de substance.
Trois roues, ce n’est pas forcément mieux, mais c’est plus stable… en ligne droite.