Thierry Pichon, paraplégique, veut pratiquer le side-car sur piste
Un cas de discrimination dans le sport moto ?
1er décembre 2006
Thierry Pichon, habitant Aubigné-Racan (sud Sarthe) aimerait courir dans les épreuves sur piste avec son side-car. Mais la Fédération française de motocyclisme (FFM) ne lui en a pas donné l’autorisation à cause de son handicap physique. Pourtant, Thierry Pichon vient de clôturer sa seconde saison de course de côte en catégorie side-car.
Le side-car a permis à Thierry Pichon de reprendre le goût à la compétition moto.
L’histoire de Thierry Pichon commence quand un automobiliste lui refuse la priorité en 1991, alors qu’il est à moto. Cela aurait pu stopper net sa vie, car il perd l’usage de ses jambes. Mais notre homme, aujourd’hui âgé de 37 ans, décide de ne pas se laisser abattre. Après une longue période de rééducation, il se raccroche à la vie en passant par le sport. Avec une association handisport, notre homme cueille trois médailles de bronze en championnat de France de tir à l’arc, il participe à divers marathons à Berlin, en Floride, en Pologne, aux 20 km de Paris.
En 1995, grâce à une adaptation réalisée sur son side-car de route, il repasse son permis moto et reprend goût à ce satané virus de la moto. Le goût de la compétition le rattrape aussi, lorsqu’il découvre la discipline du side-car en championnat de France. L’achat d’un side de compétition suit rapidement mais l’engin est en mauvais état et les adaptations à son handicap sont longues à mettre en place. Entre temps, pour financer son projet, Thierry crée l’association Team 69 et se lance dans les courses de côte en championnat de ligue de Bretagne.
Mais il estime que la sécurité n’est pas réellement assurée en course de côte, et pense passer sur circuit. Mais le médecin de la FFM, Reinhard Kraenzler, lui répond que « les compétitions en circuit ne sont pas envisageables compte tenu des risques pour vous et les autres » .
Avec son side, Thierry Pichon a réussi à faire deux saisons en course de côte. Alors pourquoi ce qui est possible sur route ouverte, ne l’est pas sur piste fermée ? La solution n’est pas aussi évidente que de prime abord.
Est-ce une précaution de bon sens, par exemple en cas de retournement du side-car ? « Mes bras sont bien plus puissants que n’importe quelle autre personne et je m’évacuerais plus facilement. D’autre part, sur les circuits il y a les commissaires qui assurent la sécurité. Ce qu’il n y a pas toujours en course de côte. »
Pour Thierry Pichon, il s’agit d’une discrimination car les pays voisins (la Belgique, l’Allemagne, l’Angleterre) acceptent ce type d’handicap et notre homme compte porter l’affaire devant les tribunaux. « Je vais essayer de rouler en Europe, puis en France. Et si l’on m’interdit de rouler sur les circuits, je porterai plainte pour discrimination. »
Pascal Corbin