La Rialto symbolise une période difficile pour Reliant, qui conduisit la marque
vers un lent et douloureux déclin. En effet, un peu moins de vingt ans après la
naissance de cette ultime représentante de la catégorie des voitures à trois
roues, le constructeur de Tamworth mettait fin à la production automobile.
Voici le dernier épisode de cette saga.
1. Exit la Robin, bienvenue à la Rialto
La Rialto succédait à la Robin en octobre 1981, tout en conservant les mêmes
bases mécaniques, mais en proposant désormais un châssis galvanisé. La prin-
cipale modification était d'ordre esthétique. En effet, les lignes de la voiture
étaient plus anguleuses, plus tendues. Les feux ronds de la Robin faisaient
place à des feux rectangulaires, empruntés à l'Austin Métro.
Les 3 carrosseries disponibles (Saloon/Estate/Van) sont présentées sur la couverture de ce catalogue
On retrouvait sur la Rialto les trois types de carrosseries habituels : Saloon,
Estate et Van. Les deux premières étaient disponibles en version standard
et GLS mieux dotée. L'arrivée d'une trois roues modernisée donnait quelque
temps un nouveau souffle aux ventes.
Premières évolutions
En mars 1983, Reliant commercialisait une Rialto 2, équipée d'un moteur de ty-
pe " HT-E ". Celui ci développait plus de couple mais moins de puissance (37,5
ch Din au lieu de 40). Sa consommation de carburant était moindre.
En 1985, une version spéciale " Jubilé " était proposée pour célébrer les 50
ans de Reliant. Le moteur de 40 ch Din faisait son retour en septembre 1986,
sur la nouvelle Rialto SE.
En 1986, une société américaine dévoilait la Reliant Zoe Z/3000 ST. Destinée
à une utilisation " sportive ", il semble que seulement cinq véhicules aient été
construits.
3. Les temps sont durs
L'époque glorieuse des années 60 et 70 était bien révolue. Reliant piétinait. Les
Scimitar GTE et GTC étaient en fin de carrière. La Scimitar SS1 était un échec
industriel et commercial. Le niveau de vente des voitures à trois roues baissait
inexorablement.
Reliant se maintenait à flot tant bien que mal. Ainsi, en 1982, le constructeur de
Tamworth assemblait pour le compte de Ford la très exclusive Escort RS 200.
En 1986, toujours à la recherche d'une diversification de ses activités, Reliant
était chargé par la firme Metro Cammell Weymann du moulage des carrosse-
ries des taxis Metrocab.
Entre temps, Reliant avait revendu à Middlebrigde les droits de production des
Scimitar GTE et GTC, et se séparait d'une de ses usines. Des rumeurs faisaient
alors état d'une reprise par un autre constructeur (Ford et Lotus furent cités).
L'expertise de Reliant pour le moulage des carrosseries en fibre de verre
était alors son atout majeur.
4. The Robin is back
Reliant, dans l'espoir de faire renaître la légende, redonnait vie à la Robin en
1989. En fait de retour, le terme Robin se bornait à designer les versions LX
et SLX Saloon de la Rialto, les Estate et Van conservant l'appellation Rialto.
La face avant de la nouvelle Robin différait de celle de la Rialto par l'adoption
de phares de Ford Fiesta.
En 1989, la famille Nash, propriétaire de Reliant depuis 1977, cédait ses parts
au groupe Wiseoak & Belmont, dirigé par Messieurs Johson et Turpin. Au début
des années 90, le niveau de production annuel de la Rialto était descendu à
2 000 voitures.
5. Beans, premier repreneur des années 90
Après un premier dépôt de bilan en 1990, l'équipementier Beans devenait le
nouveau propriétaire de Reliant en août 1991. Ce groupe était porteur d'espoirs
et de projets pour l'entreprise, mais il déposait à son tour le bilan en novembre
1994.
Entre temps, l'années 1993 avait vu l'apparition d'une édition limitée, la LE 93,
pour Limited Edition 1993. Celle ci se reconnaissait à ses bandes de couleurs
appliquées sur la carrosserie, mais n'apportait aucun " plus " significatif, ni sur
le plan technique ni sur le plan de l'équipement.
Les ventes de trois roues continuaient à décliner. Ces voitures n'attiraient plus
que 750 clients en 1994, vingt fois moins qu'en 1975.
Une Robin SLX (voiture rouge) et une Rialto Estate (voiture blanche) de la période " Beans "
Le groupe Avonex prend la relève
Reliant était racheté par le groupe Avonex en janvier 1995, qui lui aussi dépo-
sait le bilan en décembre de la même année.
Le pick up était annoncé au catalogue durant la courte époque " Avonex ", mais non produit
Tant bien que mal, Reliant tentait de stimuler l'intérêt des clients pour ses mo-
dèles, en proposant des séries spéciales, comme la Diamond annoncée à l'occa-
sion des 60 ans de la compagnie, luxueusement dotée de sièges en cuir gris.
Les feux empruntés à la Ford Fiesta caractérisent les Robin de la période 1989 - 1998
Jonathan Heynes à la rescousse
Après l'équipementier Beans et le groupe Avonex, l'entreprise était reprise
en main en avril 1996 par Jonathan Heynes, un ancien de chez Jaguar. Financiè-
rement, son offre était moins élevée que celles de ses rivaux, mais son projet
d'entreprise semblait plus viable pour l'avenir de Reliant, notamment pour le
maintien des emplois.
Heynes se faisait fort de relancer encore une fois la machine, et à court terme
de gagner de nouveau de l'argent. La production de la Robin redémarrait en
août. L'activité était alors recentrée autour du métier de base de Reliant, les
voitures à trois roues.
Pour élargir l'offre, le nouveau propriétaires remettait au goût du jour le
projet de pick-up étudié sous l'ère Avonex en 1995, mais qui n'était pas alors
rentré en production. En définitive, bien peu d'exemplaires furent construits.
A cette époque, il y avait encore 44 000 propriétaires de Reliant en Grande
Bretagne. Nombre d'entre eux étaient adhérents à des clubs de propriétaires.
Heynes pensait sans doute à juste titre qu'il ne fallait pas négliger ce potentiel
de client.
8. Kevin Leech y croit encore !
En octobre 1998, un quatrième investisseur, Kevin Leech, tentait de sauver en-
core une fois l'affaire. La production cessait à Tamworth à la fin de 1998, et en
janvier 1999 les nouvelles installations de Burntwood s'apprêtaient à accueillir
la Robin revue et corrigée, qui pour l'occasion recevait des phares en amande
empruntés à la Vauxhall Corsa, et un nouveau pare chocs moulé. Mais ces quel-
ques évolutions cosmétiques ne pouvaient plus cacher un châssis et une mécani-
que hors d'âge.
Notez les phares empruntés à la Vauxhall Corsa
Si 25 ans plus tôt, la Reliant bataillait avec les tarifs des petites Daf 44 ou Fiat
126, une Reliant de 1999 coûtait maintenant plus de 10 % plus chère qu'une Peu-
geot 106 ou qu'une Ford Ka, de conception bien plus moderne.
Les coûts fixes étaient devenus très difficiles à amortir sur des petits volumes
de production. Il était donc impossible de lutter dans de telles conditions, et la
clientèle se résumait désormais à quelques rares inconditionnels de la marque,
ce qui permettait à peine d'écouler une trentaine de voitures par semaine.
Reliant devient aussi importateur
A partir de la fin des années 90, Reliant développa en parallèle une activité
d'importation et de distribution de voitures légères, notamment les microcars
français Ligier, les véhicules utilitaires légers d'origine italienne Piaggio, et les
voitures indiennes San. A défaut de vendre des Robin ou des Rialto, ces véhicu-
les permettaient au réseau des concessionnaire Reliant d'assurer leur pain
quotidien.
10. La fin définitive des " three wheelers "
En octobre 2000, l'usine annonçait que la dernière trois roues sortirait de chaî-
ne deux mois plus tard, en décembre. Il fut alors décidé de produire une série
spéciale de soixante cinq Robin, en hommage aux soixante cinq années de pro-
duction de Reliant (1935/2000). Celle ci fut simplement dénommée Robin 65.
Elle était particulièrement bien équipée : feux anti-brouillard, jantes alliage,
plaque numérotée au centre du tableau de bord ...
Le 14 février 2001, le rideau tombait. La dernière voiture fut livrée au gagnant
d'un concours organisé par le journal " Le Sun ". C'était promis, il n'y aurait plus
de Reliant à trois roues ...
... En avril 2001, après des négociations avec Reliant, la société B & N Plastics
annonçait qu'elle allait poursuivre la construction des Robin sous licence. Les
premiers concessionnaires furent livrés en janvier 2002. Cette dernière moutu-
re dérivait étroitement de la Robin 65. Mais sa production était définitivement
arrêtée en octobre 2002.