Le soleil de Californie, par moments, tout comme les nuits incomplètes, tout comme les ambassades d'amour à leur commencement qui séparent de la masse du jour..., éloignent en moi, ne fut-ce qu'un temps, les soupçons de la barbarie mentale humaine, omniprésente sur certains forums, qui relèvent de la rancoeur et de la horde, de l'excès de bravade au manque de bravoure.
Pour changer de ce que les "zôtres" font, j'ai décidé d'acquérir un Pick-Up "Kustomizé"...
Certains, de certains topics de forums, rêvent de se faire une Bugatti Royale sur base d'un camion, alors pourquoi pas se véhiculer en Pick-Up "Kustomisé" ?
Pitingggggggggg !
J'étais là, las, et elle aussi, là et lasse.
Sous ce soleil de plomb, Anamary, plombée, tentait des efforts d'immatérialité pour se protéger du départ de sa dernière amante Shana...
Les départs des amantes d'Anamary clôturent et électrifient, simultanément, quand ce n'est pas la même chose, des pièges variés vécus des aléas.
Pendant que je faisais "Vroum-vroum", Anamary me parlait, disait qu'elle aimait bien lire et qu'elle n'avait, à part l'école, rien lu d'autre que mes textes déjantés.
Je gardais mes commentaires pour moi, même ceux qui ne consistaient aucunement en un jugement porté, et je restais là à jouer avec les boutons du tableau de bord, avec les mots d'Anamary qui a un penchant morbide à requérir ma présence, par à coups, absolument, sans rien jamais exiger de moi à l'instant, réservant l'orgie pour après, ce qui, en ce lieu de fin du monde, au milieu des silhouettes coupantes qui fusaient derrière les vitres du Pick-Up, alors que je zieutais son décoletté profond, tout ce bazar à-la-con, désarmait mon ironie.
Sur le siège beige du Pick-Up jaune, sous le bleu du ciel, je m'attardais longuement à rêver de voluptés, la chaleur domptée par l'air conditionné donnant une version précieuse de l'intimité, j'écoutais Anamary me déclarer qu'entre deux amantes elle jouait à Othello....
Nous nous sommes perdu sur le trajet, dans les méandres de la vie....
Là, dans les rues désertes, les rares résidents qui apparaissent au bénéfice d'une inquiétante étrangeté sur le bord de la route et à qui nous demandions notre chemin, semblaient débarqués du plateau d'un film de David Lynch ou des frères Coen.
Anamary me dit alors... ;"Je suis persuadée que tu préférais le plaisir de fouiller dans mes dessous plutôt que celui de conduire ce Pick-Up jaune. Allons chez moi, il y a deux jolies femmes qui m'attendent..."
D'habitude je ne suis pas franchement apte à me rendre à des orgies où je ne connais personne.
Je suis d'une grande timidité (que certains imbéciles peuvent malencontreusement prendre pour de la hauteur) du moins j'ai un souci quasi maladif de ne pas importuner mon prochain, ne serait-ce parce qu'il est le prochain et que j'ai déjà assez de mal avec le moment présent.
Les amies d'ennuis, amantes d'Anamary..., ont souvent des têtes de poupées russes sur des jambes d'allumettes.
Des mannequins pas tout à fait mannequins, si l'on y regarde bien, une partie du corps quand même abîmée, bouffie par les efforts du paraître intelligent en toutes circonstances.
Shana avait été l'une d'entre elles, en tenue lascive et d'une finesse qui sait parfaitement épouser les chaises et les canapés avant de se faire b... sous un aspect "modern life is in my wallet"...
Un superbe coup de poignet, des doigts aussi agiles que sa langue...
En plus elle vivait la "Kulture" du "Kustom"...
Elle aurait sûrement aimée faire des turluttes dans ce Pick-Up trop jaune pour être honnète !...
J'ai appuyé sur l'accélérateur pour faire un "Burn-out" d'enfer, et je me suis dit qu'Anamary m'avait fait une invitation sexuelle un peu prétentieuse...
En fait, je me fous de tout le monde, de toute la terre entière, même quand Anamary pose ses yeux sur moi, m'ouvre ses bras et me chuchote au creux de l'oreille : " Rien n'existe hors de toi"...
Et puis le solipcisme ça ne mène pas à grand chose, Anamary disparaîtra après l'amour.
"Savez-vous ce à quoi j'ai assisté dernièrement, très chère", lui dis-je suffisemment haut pour l'exciter d'avantage (oui, je vouvoie les femmes, même en leur faisant l'amour, cela ajoute un quelque chose d'indéfinissable... Snob, non ?)...:
"Un imbécile qui prenait des photos d'une pauvre fille pâle et vaguement souriante, vaguement consentante, vaguement agacée, qu'il mettait en scène sodomisée par un changement de vitesses d'une fausse Bugatti, et ce, sous les regards torves de divers péquenots branleurs, zieutant la scène comme la caméra de Paris Dernière.
Pour une nouvelle série de photos, l'artiste inspiré a demandé au propriétaire de la fausse Bugatti de poser à son volant aux cotés de la belle en sueur..."
La vulgarité partout.
Et la misère aussi.
Dans ce chagrin du custom en folie, si familier qu'on s'y sent vivre, quand tout porte à la mélancolie, je retrouve le temps passé, je pense à mes anciens magazines Chromes & Flammes, j'ai alors l'esprit dilaté sans la peur de l'échéance, de la disparition, cette volupté de l'amour impossible comme gage d'une douce et contagieuse immaturité, où l'attraction des uns pour les autres ne prenait pas la nécessité d'une consommation directe, immédiate...
"Tu me plais je te plais, allons dans un coin nous déplaire à nous mêmes"... me sussure Anamary...
Il y avait alors le temps long, paisible et sans urgence d'emporter le regard de mes secrétaires, de détourner leurs fictions, d'opter pour une stratégie raisonnée pour devenir "Quelqu'un" avant d'être un amant...
Pitinggggggggg de temps qui passe, alors il y avait une mélancolie active.
Maintenant je sais rire de tout...
Jouir aussi...
Mais surtout me f.... de tout et de tousses...
Dim 30 Nov - 12:25